« Les principes fondamentaux d’Haïti, pays qui porte très haut dans le monde les droits de l’homme, sont régulièrement bafoués. La trahison de ces principes fondateurs sont la cause de la situation morose du pays », estime le professeur Michel Soukar qui répondait aux questions de Luckner Gareau de radio Métropole au lendemain du vote.
Selon Michel Soukar, ce vote pour faire plaisir aux impérialistes, traduit clairement la défense à courte vue des intérêts mesquins et personnels du président Jovenel Moïse qui, dans l’unique but de gérer son pouvoir, ne mesure pas, semble-t-il, la dimension négative de cet acte contre la grandeur et la fierté du peuple haïtien, première nation nègre libre et indépendante.
Pour montrer au président actuel qu’il patauge dans l’erreur, il a pris plusieurs exemples de chefs d’Etat haïtien qui, informe-t-il, pensaient faire plaisir aux Américains mais qui, finalement, se sont rendus compte qu’ils ont été la risée de ce pays considéré comme étant leur patron. Le professeur Soukar cite les présidents Élie Lescot, Dumarsais Estimé, François Duvalier et Jean Bertrand Aristide qui avaient fait fiasco en ce sens.
« Aujourd’hui, si un Haïtien ne comprend pas qu’à chaque fois que nous faisons un pas en avant dans notre histoire en relevant la tête, c’est parce que tout simplement nous nous réconcilions avec les fondamentaux du pays, il est dans l’erreur », soutient Michel Soukar.
Il fustige avec fracas le comportement des dirigeants haïtiens qui, dit-il, marchandent les principes fondamentaux de la République pour des miettes, aux fins de sauvegarder un mandat branlant.
« Sachez que les Américains eux-mêmes, voyant votre peuple se dresser contre vous, viendront vous embarquer tel, un déchet toxique comme ils en avaient fait à Jean Bertrand Aristide en 2004», rappelle le professeur Soukar, qui encourage le président Jovenel Moïse à cesser de mentir pour faire plutôt ce qu’il faut et combattre la corruption qui gangrène le pays.
Traitant de traitres, nombreux des chefs d’État haïtien qui, dit-il, ont été installés et soutenus par les Américains, l’historien croit que ce n’est pas le fait de demander à son chargé d’Affaires étrangères de voter en faveur d’un gouvernement qui traite notre pays de « latrine » qu’on va retrouver sa dignité et avancer sur le chemin du progrès.
« Haïti n’est pas n’importe quel pays sur la Carte mondiale. Les fondamentaux de naissance du pays sont basés sur les droits de l’homme. N’était-ce pas le vote d’Haïti, la Lybie et Israël ne seraient pas indépendants aujourd’hui », rappelle-t-il plus loin.
D’après Michel Soukar, le vote d’Haïti contre le président Maduro correspond à l’intérêt du président Jovenel Moïse qui paie visiblement aux Américains, les événements du 6, 7 juillet et du 17 octobre 2018, desquels les impérialistes n’avaient pas décidé de lui demander de jeter l’éponge.
« Si l’Administration américaine, contrairement à la façon de faire de Kenneth Merten, avait décidé après ces deux événements, de basculer Jovenel Moïse au pouvoir, celui-ci n’aurait été plus à son poste aujourd’hui. Les Américains ont soutenu Jovenel. Ce dernier les paie en retour en votant ainsi», balance Michel Soukar, lequel estime que cette décision est une politique à courte vue.
Aussi prône-t-il la nécessité pour les dirigeants haïtiens de tenir la fidélité avec les fondamentaux du pays qui, pense-t-il, nous permettront de faire des pas en avant comme Dumarsais Estimé et Fabre Nicolas Geffrard l’avaient fait.
Intervenant sur les conséquences du vote, M. Soukar dit avoir des informations que le Venezuela s’apprête à donner une réponse ferme à Haïti par rapport à cette décision.
« Le sort du peuple Vénézuélien n’intéresse pas les Américains. Je ne crois pas non plus que notre vote peut aider ce peuple à sortir du bourbier où il se trouve. Qu’il continue à se battre ! Nous autres, nous avons pour devoir de savoir que nous avons une histoire liée à des fondamentaux qu’il faut absolument respecter”, a-t-il conclu.
De l’avis de nombreuses personnes ayant réagi suite à ce vote, ce qui parait contradictoire dans tout ça, est le fait que le président Jovenel Moïse qui adopte ce comportement aujourd’hui, avait bel et bien salué l’élection du président Nicolas Maduro.
Dans un message portant en-dessous la signature du président Vénézuélien, Nicolas Maduro circulant sur les réseaux sociaux, on peut lire ceci : « Cet esclave ne pourra jamais nous enlever l’amour qui a dans notre cœur pour le peuple haïtien. Cette décision, est celle de l’esclave mais pas celle du peuple haïtien. Le président d’Haïti est le serviteur des impérialistes, travaillant dans le but d’appauvrir ce grand peuple. Que les Haïtiens prennent leur destin en main ».
Alix Laroche