Face à ce climat d’insécurité grandissante, les citoyens ont la mauvaise sensation de circuler dans les rues avec leur cercueil sous les bras. Hante encore les esprits, l’approche de cette fin d’année où, généralement, les braquages, les vols à main armée et les assassinats connaissent une hausse considérable.
En effet, la population constate, dans l’expectative, après une courte période de silence et de répit, une ville de Port-au-Prince qui a peur, à cause des troubles semés par des malfrats illégalement bien armés.
La mort court presqu’à chaque coin de rue. Elle emprunte la voie de l’insécurité. Personne n’est à l’abri. Même un sénateur de la République, Francenet Dénius, s’est fait rançonner au Bicentenaire dernièrement, alors que le parlementaire se trouvait à bord de sa voiture à destination du Sud.
Il y a une semaine de cela, deux commerçants, mari et femme, ont été froidement abattus au centre-ville. Le mercredi 31 octobre, de nombreuses personnes ont été tuées par balle dans les rues de la capitale, alors qu’on procédait ce jour-là aux funérailles de six personnes tombées lors des manifestations du 17 octobre dernier, où la population gagnait les rues pour demander des comptes à l’État.
Ces individus armés qui se sont donné, ou auxquels a été donnée la mission d’endeuiller des familles et de semer les graines de la terreur, ne font malheureusement pas de différence de sexe, d’âge et de classe sociale. Ils accomplissent sans état d’âme leur œuvre funeste, en véritables fossoyeurs. La liste des victimes ne cesse de s’allonger d’aube en aube, de crépuscule en crépuscule.
Qui seront les prochaines victimes ? Telle est l’interrogation qui demeure sans réponse. En attendant que les autorités constituées se rendent compte que les carottes, offertes en appât, sont bel et bien cuites, la machine infernale de l’insécurité continue de broyer des innocents et de traumatiser une population en mal de paix dans une société ingouvernable où le crime se donne en spectacle.
Le banditisme fait corps avec l’injustice sociale. Les responsables de l’État quant à eux, ne semblent pas en mesure d’apporter une réponse à ces maux qui gangrènent la société haïtienne. Conséquence de l’inefficacité des institutions publiques et des gens qui sont censés être là pour garantir la sécurité et la paix sociale.
Alix Laroche
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