À en croire cette publication, devenue introuvable depuis lors sur la version anglaise du site Web de Viettel, l’attribution de la fréquence 1 700 MHz à son réseau 4G cette année a donné un avantage important à Natcom dont le nombre de clients a doublé par rapport à l’année dernière. « […] Le Conatel n’a accordé à aucun opérateur établi en Haïti l’utilisation de la bande 1700 MHZ, il est du devoir de la Natcom d’attendre l’attribution des fréquences nécessaires à l’exploitation du réseau 4G. Dans l’intervalle, le Conatel a de préférence permis à la Natcom l’utilisation de la bande de 10 MHZ appropriée », a réagi la compagnie, résultat d’une association entre Télécommunications d’Haïti S.A.M. (Haïti) et Viettel Global (Vietnam).
Dans ce contexte particulier, le directeur général du Conseil national de télécommunications (Conatel), Jean-David Rodney, a tenu lui aussi à apporter des informations additionnelles à la suite de l’annonce diffusée sur le site Web de Viettel, la compagnie mère de la Natcom, faisant état d’avantages indus que le régulateur aurait octroyés à un opérateur au détriment de l’autre. Dans une interview exclusive accordée à la rédaction en début de semaine, le directeur général du Conatel a reconnu que la « Natcom a produit des demandes il y a déjà quelque temps de cela pour avoir des ressources fréquentielles afin d’avoir accès à la technologie 4G LTE ». « Nous leurs avons écrit pour leur informer que les fréquences 4G LTE ne peuvent être cédées en dehors d’une licence de concession », a fait savoir Jean-David Rodney, signalant avoir réservé le même traitement à la Digicel qui avait fait pareil.
Un principe auquel la Natcom semble se soumettre si l’on en croit son communiqué stipulant qu’ « il reste entendu qu’aucune exploitation commerciale ne sera effectuée pas avant la signature du contrat de concession qui sera conforme au barème différent toutefois des redevances ».
Si le directeur du Conatel reste ferme en soutenant qu’aucune assignation de fréquences dans le contexte 4G LTE n’a été accordée jusqu’ici à aucune compagnie au détriment d’une autre, il a toutefois nuancé en admettant que « certaines des ressources à la disposition jusque-là de la Digicel sont exploitables dans un contexte de 4G LTE ». « Nous en sommes conscients et nous avons même reçu des plaintes émanant de la Natcom », a-t-il déclaré, concédant que le Conatel a effectivement autorisé la Digicel à importer des équipements lui permettant de tester la 4G LTE. Toutefois, il invite à faire la nuance entre assignation de fréquences et réservation de fréquences, et annonce formellement que tous les opérateurs auront à signer un contrat de concession et à payer les droits d’entrée.
« Un article publié sur le site Web de Viettel n’engage pas le régulateur haïtien qui ne se sent pas concerné par la stratégie marketing que ce groupe international peut avoir dans le monde et au Vietnam. Par contre, s’il s’avérait que la source de l’information, vraie ou fausse, est liée au positionnement de la compagnie sur le marché haïtien via le consortium Natcom, nous aurions la responsabilité à travers la Natcom de contribuer à une rectification », a précisé M. Rodney, rappelant que Viettel est le partenaire de la Banque de la République d’Haïti (BRH) à l’intérieur d’un consortium du nom de Natcom où la compagnie vietnamienne détient 60% et la banque centrale 40% pour le compte de l’État haïtien.
« Indépendamment du fait que la Natcom est une compagnie d’économie mixte, tout le monde a les mêmes droits, les mêmes privilèges et avantages », a expliqué le numéro un du Conatel, confiant avoir convoqué la Natcom après la diffusion de cette information. « Notre obligation en tant que régulateur est de veiller en tout temps à l’équilibre du marché en étant impartial, équitable dans les décisions que nous prenons, ceci même en l’absence du droit à la concurrence définissant les modalités selon lesquelles devraient s’exercer cette concurrence, cette compétition », a réitéré Jean-David Rodney, assurant que toutes les compagnies auront à leur disposition les mêmes ressources nécessaires au déploiement de leurs fréquences 4G LTE.